La levée des immunités de Joseph KABILA : Une fracture dans l’histoire démocratique du Congo

Le 22 mai 2025 restera une date lourde de signification pour la République Démocratique du Congo. Derrière la scène surréaliste de la levée des immunités parlementaires de l’ancien président Joseph KABILA KABANGE, c’est bien plus qu’un homme politique qui a été visé : c’est une page de l’histoire nationale qui semble s’être déchirée.

Un symbole brisé

Le 24 janvier 2019, le monde entier saluait la première alternance pacifique du pouvoir en RDC. Malgré les tensions et les controverses électorales, le départ de Joseph KABILA et la passation du pouvoir à Félix-Antoine TSHISEKEDI avaient été accueillis comme un tournant démocratique. Ce moment avait hissé le Congo au rang de modèle possible pour une Afrique en quête de stabilité institutionnelle. Aujourd’hui, cette image est écornée. 
Pour Nehemie MWILANYA, ancien directeur de cabinet de KABILA, la levée des immunités du sénateur à vie n’est rien de moins qu’un «recul démocratique» et une perte de stature pour le pays.

Une justice ou une vengeance politique ?

La question de l’indépendance de la justice congolaise est plus que jamais posée. Nombreux sont ceux qui redoutent une justice à double vitesse, utilisée comme bras armé du pouvoir. Si des poursuites judiciaires contre un ancien président doivent répondre aux exigences de vérité et de transparence, elles ne doivent jamais se transformer en règlements de comptes. Dans un contexte où les institutions peinent encore à s’imposer au-dessus des clivages politiques, cette procédure judiciaire soulève des interrogations légitimes.

La paix en péril

«Le Congo a perdu une chance pour la paix», déplore MWILANYA. En effet, cette démarche pourrait raviver des tensions politiques latentes et exacerber la polarisation de la scène nationale. Alors que le pays fait face à des défis immenses, insécurité à l’Est, crise économique, corruption systémique, l’unité nationale devrait être la priorité. Or, cette décision pourrait fragiliser davantage les équilibres déjà précaires entre les forces politiques.

Le pouvoir face à ses responsabilités

En politique, tout acte fort est un message. Et celui-ci, s’il est perçu comme une humiliation ou une injustice, risque d’engendrer un climat de méfiance généralisée. Nehemie MWILANYA avertit : «Le pouvoir ne devrait pas s’en réjouir». Car au-delà de l’individu Kabila, c’est l’esprit de la République qui vacille lorsqu’on donne l’impression que la loi est instrumentalisée.

La justice doit faire son travail, certes. Mais elle doit le faire dans la sérénité, l'équité, et l'impartialité. La RDC ne peut se permettre de transformer son progrès démocratique en une vendetta politique. Dans un pays encore fragile, la mémoire des institutions doit être respectées, non pour sanctuariser les anciens dirigeants, mais pour protéger l’avenir.

Ali Haddad 
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