La scène a de quoi surprendre. Lors d'une cérémonie officielle, Christian BOSEMBE, président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), a tenu un discours élogieux envers le président Félix-Antoine TSHISEKEDI, affirmant avec assurance :
«Sous votre mandat, aucun journaliste n’a été tué, aucun journaliste n’a été arrêté ou torturé à cause de ses opinions. Aucune rédaction n'a été saccagée ou fermée comme ce fut le cas dans le passé.»
Une déclaration qui, si elle flatte le pouvoir en place, entre pourtant en contradiction flagrante avec la réalité.
Des faits qui démentent le discours
Le cas le plus emblématique est celui du journaliste Stany Bujakera, correspondant de Jeune Afrique et directeur adjoint de Actualité.cd, arrêté en septembre 2023 et détenu plusieurs mois dans des conditions dénoncées par les organisations de défense des droits humains. Son arrestation avait suscité une vague d’indignation nationale et internationale, mettant en lumière les pressions que subissent les journalistes congolais.
D’autres cas comme celui de Patrick LOKALA, arrêté en 2022 pour ses propos critiques envers certains cadres politiques, ou encore les intimidations contre plusieurs radios communautaires dans l’est du pays, viennent contredire les propos de BOSEMBE.
Une rhétorique politique
Pour de nombreux observateurs, le discours de Christian Bosembe s’apparente à une opération de communication politique, visant à présenter une image apaisée du régime, notamment à l’approche de nouveaux défis sécuritaires et diplomatiques. Mais à quel prix ?
L’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC) ainsi que Reporters sans frontières (RSF) ont, à plusieurs reprises, rappelé les dérives constatées sous le mandat actuel, même si le climat est globalement jugé moins répressif qu’à certaines périodes du régime précédent.
Liberté de la presse : un combat permanent
La République Démocratique du Congo demeure un pays à fort potentiel démocratique, mais où la liberté d’expression reste fragile. Les déclarations comme celle de Christian BOSEMBE, qui passent sous silence les atteintes à la presse, ne servent ni la vérité ni les journalistes eux-mêmes.
En démocratie, reconnaître les failles est le premier pas vers le progrès. Les journalistes congolais méritent mieux que des éloges construits sur des oublis volontaires.
ALI HADDAD