Kinshasa, le 15 mai 2025
Monsieur,
C’est avec un profond sentiment d’indignation que je me permets de vous adresser cette correspondance. Les propos que vous avez récemment tenus à l’endroit de Son Éminence Fridolin Cardinal Ambongo Besungu sur les réseaux sociaux m’obligent à sortir de mon silence, en tant que fidèle catholique et citoyen de ce pays.
Votre propension à commenter avec légèreté les faits et gestes de personnalités qui portent fièrement l’image de la République Démocratique du Congo sur la scène internationale est pour le moins déroutante. Il est regrettable que vous sembliez ignorer la portée spirituelle, morale et diplomatique de l’Archevêque de KINSHASA, un homme dont l'engagement et la voix dépassent largement les frontières de notre pays.
Permettez-moi de vous rappeler que l’Église catholique compte aujourd’hui plusieurs cardinaux répartis à travers le monde, parmi lesquels figurent les cardinaux électeurs, seuls habilités à participer au conclave pour l’élection du pape. Lors du dernier conclave, Son Éminence Fridolin AMBONGO a été régulièrement cité parmi les “papabili” — ces cardinaux susceptibles de devenir pape — en raison de l’impact remarquable de son ministère et de son engagement en faveur de la justice, de la paix et des droits humains.
Ce n’était ni par opportunisme ni pour plaire aux médias, mais bien par la reconnaissance de ses mérites. Est-ce donc une honte que la RDC puisse, pour une fois, être mise à l’honneur dans un contexte aussi noble que celui-là ? Où est le mal lorsque l’un de nos compatriotes est élevé par son travail, son intégrité et sa foi à une telle dignité ?
Votre acharnement à son encontre interroge. Pourquoi tant d’animosité envers un homme qui n’a jamais porté atteinte à votre personne ni à votre communauté ?
Le Cardinal AMBONGO joue son rôle prophétique, celui de dénoncer le mal et de défendre les plus faibles, même si cela implique de critiquer la gouvernance lorsqu’elle devient défaillante. Cela fait partie de la mission pastorale de l’Église.
Et pendant qu’il accomplit cette mission avec rigueur et humilité, vous, Monsieur MUKUNA, semblez préférer les discours de division et les attaques personnelles. Pourtant, nombreux sont ceux qui se souviennent de vos propres écarts, notamment des scandales qui ont terni votre image. Est-ce à vous de faire la leçon à un homme dont la probité n’a jamais été remise en question ?
De grâce, ne confondez pas leadership spirituel et populisme. Dans l’Église catholique, les titres et responsabilités ne sont pas des privilèges mondains, mais des services rendus avec abnégation. Le pape lui-même se présente comme le serviteur des serviteurs. Il n’y a donc aucune honte à ne pas être élu pape, et cela ne saurait être une source de frustration pour quelqu’un animé par une vocation sincère.
Enfin, je vous adresse cette mise en garde solennelle : cessez de traîner dans la boue les noms des autorités de notre Église catholique. En tant que jeunes intellectuels catholiques, nous ne pouvons plus tolérer que vous utilisiez votre plateforme pour répandre l’irrespect et la discorde. Votre liberté d'expression s'arrête là où commence la dignité des autres.
Un homme averti en vaut deux. Recevez donc cette lettre comme une exhortation au discernement et à la retenue.
Respectueusement,
Ghislain BOBA
Jeune intellectuel catholique