Le football congolais traverse une nouvelle zone de turbulences. À peine signé, un contrat de sponsoring historique entre la Ligue nationale de football (Linafoot) et Illicocash, produit phare de la Rawbank, est déjà menacé de rupture. En cause : un blocage inattendu au sommet de la Fédération congolaise de football association (FECOFA), qui compromet une opportunité sans précédent de relance du championnat national.
Un partenariat stratégique en danger
Signé en grande pompe le 31 mars dernier, l’accord entre Illicocash et la Linafoot portait sur une durée de cinq ans, de 2025 à 2030. Il prévoyait des investissements progressifs atteignant 400 000 dollars pour la seule saison 2029-2030. Objectif : faire de la Linafoot un championnat de référence en Afrique, au moins sur le plan financier.
Mais à la surprise générale, le Comité de normalisation (CONOR) de la FECOFA s’est opposé à la durée de cinq ans, exigeant un raccourcissement à trois ans. Une décision qui a provoqué l’incompréhension et l’indignation des parties prenantes.
“On vous propose cinq ans de stabilité et vous refusez sans raison valable ? C’est incompréhensible”, déplore un cadre d’Illicocash.
Des avancées concrètes déjà menacées
Depuis l’arrivée d’Illicocash comme sponsor officiel, le championnat a connu des transformations notables. Le naming “Illicocash Ligue 1” s’est imposé, la billetterie électronique a été introduite, les recettes ont augmenté, et la transparence s’est améliorée. Pour la saison en cours, Illicocash a déjà investi plus de 780 000 dollars — un record.
Grâce à ce partenariat, la prime du champion de la 30e édition est passée à 150 000 dollars, soit une augmentation de 50 % par rapport à l’année précédente. Une dynamique qui aurait dû se consolider sur le long terme.
“Nous avions enfin une base solide pour viser l’équilibre budgétaire du championnat, estimé à 4 millions de dollars par an”, a souligné Bosco Michel MWEHU, président de la Linafoot.
La FECOFA sous le feu des critiques
L’attitude du CONOR alimente les soupçons. Pour certains observateurs, ce refus cacherait des ambitions de contrôle financier, voire l’introduction future de sponsors alternatifs liés à certains membres influents. Rien n’a été confirmé, mais la méfiance grandit.
Ce nouveau bras de fer met en lumière une fois de plus les failles de gouvernance au sein de la FECOFA, déjà critiquée pour son incapacité à organiser des élections crédibles depuis plus de deux ans.
Un risque de recul pour tout le football congolais
Si Illicocash se retire, c’est tout l’écosystème du football national qui en pâtira : baisse des financements, déplacements compromis, clubs fragilisés, perte de compétitivité, et image ternie à l’international.
“Ce contrat représentait un tournant. Le perdre, c’est risquer de replonger dans l’amateurisme et de faire fuir les partenaires sérieux”, avertit un analyste sportif basé à Kinshasa.
L’heure des choix
Aujourd’hui, la Linafoot et Illicocash ont rempli leur part du contrat. Il appartient désormais à la FECOFA de faire preuve de responsabilité. Maintenir le blocage, c’est choisir l’immobilisme. Valider l’accord, c’est parier sur la croissance, la stabilité et le rayonnement du football congolais.
Le peuple, passionné de ballon rond, attend une décision à la hauteur de ses espoirs. Le temps presse. Le pays ne peut se permettre un tel gâchis.
JNC