RDC : le ministre de la Justice, Constant MUTAMBA, visé par une enquête pour détournement de fonds

Le ministre d’État en charge de la Justice, Constant MUTAMBA, est désormais dans la ligne de mire de la justice congolaise. Ce jeudi, l’Assemblée nationale a levé les obstacles à sa poursuite judiciaire en autorisant, à une large majorité, l’ouverture d’une instruction par le Procureur général près la Cour de cassation. En cause : des soupçons graves de détournement de 39 millions de dollars dans un marché public portant sur la construction d’une prison à KISANGANI.

Le vote, acquis par 17 voix sur 23, ouvre une nouvelle étape dans une affaire qui secoue le sommet de l’appareil judiciaire congolais. Cette levée d’immunité parlementaire, exigée pour toute poursuite contre un membre du gouvernement, symbolise une volonté politique affichée de ne plus faire obstacle à l’action judiciaire, y compris contre les figures les plus en vue de l’État.

Une affaire aux implications profondes

Le projet incriminé concerne la construction d’un établissement pénitentiaire moderne dans la province de la Tshopo, censé désengorger les infrastructures vétustes de la région. Selon des sources proches du dossier, une part importante des fonds aurait été détournée via des surfacturations, des sociétés fictives et des violations manifestes du code des marchés publics.

En tant que pilote de cette réforme, Constant Mutamba est soupçonné d’avoir non seulement validé, mais potentiellement orchestré ces irrégularités financières. Une situation qui confère à cette affaire une portée hautement symbolique : c’est désormais l’un des garants de la légalité et de la justice qui se retrouve justiciable.

Un test pour l’État de droit

L’ouverture d’une enquête contre le garde des Sceaux représente une première en RDC, et un test grandeur nature pour l’indépendance de la justice. 
«Personne n’est au-dessus de la loi, pas même ceux qui sont chargés de la faire appliquer», a commenté un député de la majorité, saluant ce tournant comme une avancée dans la lutte contre l’impunité.

Pour l’heure, ni le ministère de la Justice ni Constant MUTAMBA n’ont officiellement réagi à cette décision. Ce silence renforce la gravité perçue de la situation, alors que l’enquête préliminaire est désormais entre les mains du Procureur général, Firmin MVONDE.

Vers une justice plus autonome ?

Si elle est menée jusqu’à son terme, cette affaire pourrait faire figure de jurisprudence dans un pays longtemps marqué par la corruption et le népotisme. Elle est aussi scrutée par la communauté internationale, qui voit dans cette procédure un indice de la capacité du pays à faire respecter l’état de droit.

Constant MUTAMBA reste, à ce stade, présumé innocent. Mais son cas illustre avec force les tensions entre pouvoir politique et exigence de justice dans une République démocratique du Congo en quête de crédibilité institutionnelle.

RMK 

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