Le président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, a rencontré les délégués de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et de l'Église du Christ au Congo (ECC) dans le cadre des consultations sur l’initiative religieuse visant un dialogue national. Au cœur des échanges, plusieurs prises de position tranchées du chef de l’État ont marqué les esprits.
1. Exclusion de figures politiques clés
D'entrée de jeu, le président TSHISEKEDI a été catégorique : Joseph KABILA, Moïse KATUMBI et Corneille NANGAA ne doivent pas participer au dialogue envisagé. Ces trois personnalités, bien que centrales dans le paysage politique congolais, sont perçues comme des obstacles potentiels à une dynamique apaisée, selon le président. Cette exclusion suscite déjà des réactions dans certaines sphères politiques qui y voient un manque d’inclusivité.
2. Ouverture envers d’autres courants religieux
Contrairement à cette posture d'exclusion, le chef de l’État a appelé à l’inclusion de l’équipe de Dodo KAMBA, leader de la structure représentant les Églises de réveil, souvent marginalisées dans les initiatives nationales. Cette décision vise à élargir la base de participation religieuse, en allant au-delà du duo CENCO-ECC.
3. Mise en place d’un mécanisme de collaboration
Le président a annoncé que l’équipe de Fortunat Eberande serait chargée de travailler avec les représentants de la CENCO et de l’ECC pour harmoniser les modalités du dialogue. Cette coordination technique est censée faciliter une convergence des propositions et éviter les blocages institutionnels.
4. Tensions avec certains leaders religieux
Félix Tshisekedi n’a pas caché son malaise vis-à-vis de certains hauts prélats catholiques. Il a déclaré que Mgr NSHOLE, le cardinal Fridolin AMBONGO et Mgr Fulgence MUTEBA ne sont pas désirés dans ce processus. Ces personnalités sont connues pour leurs critiques parfois virulentes de la gouvernance actuelle, ce qui semble avoir affecté la confiance du président.
5. Avertissement sur la gestion financière des églises
Dans un ton plus ferme, le président a informé les évêques qu’il était en possession du rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) portant sur la gestion administrative et financière de certaines structures ecclésiastiques. Une manière à peine voilée de rappeler que la transparence et la bonne gouvernance doivent aussi concerner les organisations religieuses.
Un dialogue sous tension
Cette entrevue, bien que présentée comme un pas vers le dialogue national, révèle les lignes de fracture qui persistent entre le pouvoir politique et certaines autorités religieuses. Si l’initiative religieuse portée par la CENCO et l’ECC cherche à jouer un rôle de médiation, elle risque de se heurter à des intérêts divergents et à des jeux d’exclusion qui pourraient compliquer davantage la marche vers un consensus national.
Ali Haddad