RDC : Denis MUKWEGE dénonce l’opacité des initiatives américaines et qataries

Alors que le communiqué conjoint entre la RDC, l’AFC/M23, et la déclaration de principe entre KINSHASA et KIGALI suscitent l’espoir d’une désescalade, le Dr Denis MUKWEGE, prix Nobel de la paix et ancien candidat à la présidence, exprime de vives réserves. Dans un communiqué publié sur X (ex-Twitter), il qualifie d'opaques les démarches menées par les États-Unis et le Qatar, et appelle à l’application stricte de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Des interrogations multiples

Le Dr MUKWEGE articule ses critiques autour de trois axes majeurs.
Premièrement, il s’interroge sur la multiplication des conditions posées pour instaurer la paix, alors que la résolution 2773, adoptée le 21 février 2025, impose déjà un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, le retrait des forces rwandaises du territoire congolais, la cessation du soutien au M23, ainsi que le démantèlement des administrations parallèles établies dans les zones occupées.

«Il n’y a donc, à priori, pas à ajouter d’autres conditions pour assurer la mise en œuvre effective de cette résolution, source de droit international s’imposant à tous les États», insiste MUKWEGE.

La méfiance née des trêves rompues

Deuxième point : si les annonces récentes peuvent laisser espérer une trêve, MUKWEGE rappelle qu’une demi-douzaine de cessez-le-feu ont déjà été signés dans le cadre des processus de LUANDA et de NAIROBI, pour être systématiquement violés. Selon lui, cela illustre la mauvaise foi flagrante des forces d’agression, coupables d’un mépris constant de la Charte des Nations Unies, d’une défiance envers les condamnations internationales et d’une stratégie cynique de «Talk and Fight».

Des négociations opaques

Enfin, Mukwege critique la manque de transparence dans les pourparlers facilités par le Qatar et les États-Unis. Il déplore que ces initiatives soient menées dans l’ombre, souvent au service d’intérêts économiques et financiers étrangers, alors même que la transparence est indispensable pour rétablir la confiance des populations, épuisées par des décennies de conflit.

Un appel à une solution ambitieuse

«Même si nous sommes favorables aux efforts visant à faire taire les armes, nous demeurons circonspects», conclut Denis Mukwege. Il rappelle que le conflit à l’Est de la RDC est en grande partie internationalisé, qu’il dure depuis plusieurs décennies, a causé des millions de morts et de déplacés, et a vu la commission des crimes internationaux les plus graves.
«Il ne peut, par conséquent, pas se satisfaire de solutions a minima», prévient-il.

Ali Haddad 
Tags

Enregistrer un commentaire

0 Commentaires
* Please Don't Spam Here. All the Comments are Reviewed by Admin.