À dix jours du cap des quatre mois depuis sa mort sur la ligne de front, le général-major Peter Cirimwami, ancien gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, repose toujours à la morgue de l’hôpital du cinquantenaire à Kinshasa. Aucune annonce officielle n’a été faite à ce jour concernant l’organisation de ses obsèques, laissant un silence pesant autour du sort réservé à cet officier supérieur tombé au combat.
Figure clé de l’appareil sécuritaire congolais, le général Cirimwami a été tué lors des affrontements contre les rebelles du M23 dans l’Est de la République démocratique du Congo. Son décès avait suscité une vive émotion, tant au sein de l’armée que dans l’opinion publique, qui y voyait le symbole d’un engagement ultime pour la défense de l’intégrité territoriale.
Mais depuis, aucune cérémonie officielle n’a été organisée, aucun hommage national n’a été rendu. Le mutisme des autorités laisse place aux spéculations : désaccords internes sur les modalités des funérailles ? Enjeux sécuritaires autour d’un événement pouvant mobiliser la population à Goma ? Ou simple négligence envers un homme pourtant mort en service commandé?
Du côté de la famille et de ses frères d’armes, l’impatience grandit.
«Ce silence est une douleur supplémentaire», confie un officier proche du défunt, sous couvert d’anonymat.
«Le général mérite des honneurs à la hauteur de son sacrifice. Il a dirigé dans des circonstances extrêmement difficiles.»
Dans l’Est du pays, où le conflit continue de faire rage, l’absence d’un deuil officiel est perçue par certains comme un désintérêt pour ceux qui se battent en première ligne. Beaucoup s’interrogent sur le message envoyé aux troupes et à leurs familles, alors que la guerre exige encore de lourds sacrifices humains.
Le général Peter Cirimwami, connu pour sa fermeté et son engagement sur le terrain, aurait dû, selon plusieurs sources militaires, faire l’objet d’un hommage national. À mesure que les jours passent, le retard de ses obsèques devient un symbole de plus du malaise institutionnel face au conflit du Kivu.
À dix jours du quatrième mois de sa disparition, une question reste en suspens : quand l’État congolais rendra-t-il enfin les hommages dus à l’un de ses généraux tombés au front?
Ali Haddad