RDC : Une République des jouisseurs ou un État en déroute ? (Analyse)

La République Démocratique du Congo, souvent décrite comme un géant aux pieds d’argile, peine à offrir à ses citoyens les services de base. Pourtant, ses dirigeants semblent nager dans l’opulence. Une récente déclaration de l’ancien ministre des Finances, Nicolas KAZADI, aujourd’hui député national, jette une lumière crue sur cette réalité troublante.

Selon lui, sous le régime de Joseph KABILA, les dotations mensuelles de l’Assemblée nationale et du Sénat s’élevaient à environ 5 milliards de francs congolais, une somme déjà jugée énorme pour un pays dont le budget global ne dépassait pas les 10 milliards de dollars à l’époque. Mais ce qui choque davantage, c’est qu’au lieu de réduire ces dépenses, le régime de Félix-Antoine TSHISEKEDI, arrivé au pouvoir sous la promesse du changement et du slogan «Le peuple d’abord», les a augmentées de façon spectaculaire pour atteindre près de 47 milliards.

Ces chiffres vertigineux posent une question cruciale : à qui sert réellement le pouvoir en RDC ? Alors que les hôpitaux manquent de médicaments, les écoles de bancs, et les routes de bitume, une poignée de privilégiés continue de bénéficier de sommes colossales issues du trésor public.

Il ne s'agit plus simplement d'une mauvaise gestion. Pour de nombreux Congolais, c’est le symptôme d’un système verrouillé par une classe politique qui s’est muée en élite consommatrice, insensible à la misère ambiante. Le terme de «République des jouisseurs» revient avec insistance dans les débats publics, désignant un État où les gouvernants s'enrichissent pendant que les gouvernés survivent.

La déclaration de KAZADI n’est pas anodine. Elle vient d’un acteur du système, bien informé des arcanes du pouvoir. Elle doit provoquer un électrochoc. Car si la RDC veut espérer sortir du cycle de pauvreté et d’instabilité, elle doit d’abord affronter cette vérité : on ne peut pas bâtir une nation solide sur les fondations de l’égoïsme, du gaspillage et de l’impunité.

Le peuple d’abord ? Il est temps de donner un véritable sens à ces mots.

Ali Haddad 
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