À quelques jours d’une rencontre politique attendue à la Cité de l’Union Africaine, Martin FAYULU, figure majeure de l’opposition congolaise, ravive la polémique sur la légitimité du président Félix-Antoine TSHISEKEDI. Invité sur TV5 Monde Afrique, le leader de l’Ecidé n’a pas mâché ses mots :
«Je suis le véritable président élu.»
Cette déclaration résonne comme un écho d’un contentieux électoral qui n’a jamais cessé de hanter la scène politique congolaise depuis les élections de décembre 2018. FAYULU, qui avait revendiqué une victoire écrasante, estime que les résultats officiels proclamés par la CENI étaient le fruit d’un « arrangement politique » entre Félix-Antoine TSHISEKEDI et l’ancien président Joseph KABILA.
Un président "élu" face à un président "illégitime" ?
Martin FAYULU ne cache pas son mépris pour ce qu’il qualifie de "hold-up électoral" et continue, plus de six ans après, de revendiquer la magistrature suprême. Il a d’ailleurs qualifié la rencontre politique imminente de confrontation entre «un président élu» et «un président illégitime», une formule lourde de sens dans un pays où les transitions démocratiques demeurent fragiles.
Une stratégie de légitimation ou un pari risqué ?
Pour de nombreux analystes, cette sortie médiatique vise plusieurs objectifs :
*1 Réaffirmer son rôle central dans l’opposition congolaise face à d’autres figures montantes.
*2 Remobiliser sa base électorale et rappeler que la question de la vérité des urnes reste, pour lui, un combat non soldé.
*3 Préparer l’avenir politique, alors que l’horizon 2028 commence déjà à susciter des projections.
Mais cette posture n’est pas sans risque : certains y voient une rhétorique de rupture, susceptible d’affaiblir les dynamiques de dialogue politique, surtout si elle est perçue comme un refus systématique de toute légitimité institutionnelle.
Une rencontre sous tension ?
La rencontre prévue à la Cité de l’Union Africaine pourrait constituer un moment fort, voire un tournant. Entre la nécessité d’un dialogue politique apaisé et la persistance des revendications post-électorales, le climat s’annonce électrique. La communauté internationale observe de près cette séquence, consciente que la stabilité du Congo reste cruciale pour toute la région des Grands Lacs.
La déclaration de Martin FAYULU relance un débat que beaucoup pensaient clos, mais qui pourrait bien ressurgir au cœur des enjeux politiques congolais. Dans un pays en quête de cohésion démocratique, les mots ont un poids, et ceux de FAYULU pourraient bien réveiller de profondes fractures.
Ali Haddad