Une nouvelle polémique secoue la scène politique congolaise après les déclarations fracassantes de Jean-Pierre BEMBA, vice-premier ministre en charge des Transports, qui accuse le cardinal Fridolin AMBONGO de vouloir précipiter la fin du mandat du président Félix-Antoine TSHISEKEDI.
Des accusations explosives
Lors d’une prise de parole publique dimanche soir à KINSHASA, Jean-Pierre BEMBA a affirmé que «l’archevêque de KINSHASA mènerait des actions politiques en coulisses pour fragiliser le chef de l’État».
Allant plus loin, il a accusé certains évêques d’être «pris en charge financièrement» par des figures majeures de l’opposition, à savoir Moïse KATUMBI et l’ancien président Joseph KABILA.
«Il est temps que les Congolais sachent ce qui se trame derrière les rideaux. Il ne faut pas que sous couvert de la religion, certains se livrent à des manœuvres de déstabilisation», a martelé BEMBA, visiblement déterminé à lever le voile sur ce qu’il considère comme une stratégie concertée visant à ébranler le régime actuel.
L’Église au cœur des tensions politiques
L’Église catholique en RDC occupe une place centrale dans la vie publique, jouant depuis des décennies un rôle de vigie démocratique et d’acteur de médiation lors des crises institutionnelles. Les propos de Bemba mettent en lumière une fracture de plus en plus visible entre certains membres du gouvernement et la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), souvent critique à l’égard de la gouvernance actuelle.
Le cardinal AMBONGO, connu pour ses prises de position tranchées sur la corruption, les violations des droits humains et les dysfonctionnements institutionnels, n’a pas encore réagi publiquement à ces accusations. Mais selon des sources proches de l’archevêché, une réponse officielle pourrait être publiée dans les prochains jours.
Un climat politique envenimé
Ces accusations interviennent dans un contexte déjà tendu, alors que le pays entre progressivement dans la période pré-électorale en vue de la présidentielle de 2028. En visant à la fois des figures religieuses et des leaders politiques de l’opposition, Jean-Pierre BEMBA pourrait chercher à renforcer le camp présidentiel tout en jetant le doute sur la légitimité morale de ses détracteurs.
Pour de nombreux observateurs, ces déclarations pourraient aggraver le fossé entre les institutions religieuses et le pouvoir politique, dans un pays où la méfiance entre acteurs publics reste élevée.
Vers une nouvelle crise institutionnelle ?
Si les accusations de BEMBA sont jugées infondées par l’Église ou par les concernés, une crise ouverte pourrait éclater entre le gouvernement et la hiérarchie catholique. À l’inverse, si des éléments viennent corroborer ses propos, cela pourrait fragiliser durablement la position de l’Église comme arbitre neutre dans le débat démocratique congolais.
Pour l’heure, ni Moïse KATUMBI ni Joseph KABILA n’ont réagi aux déclarations de BEMBA. Mais tout indique que cette affaire ne manquera pas de dominer les débats politiques dans les jours à venir.
Ali Haddad