La démission du ministre d’État à la Justice, Constant MUTAMBA, continue de susciter des réactions, non seulement sur le fond de sa lettre, mais aussi sur la forme qu’elle a prise. En effet, l’homme politique a adressé directement sa lettre de démission au Président de la République, Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, sans passer par la cheffe du gouvernement, Mme Judith SUMINWA TULUKA.
Pourtant, les articles 90 et 93 de la Constitution de la RDC sont clairs : tout ministre souhaitant quitter le gouvernement doit remettre sa démission à la Première Ministre, cheffe de l’exécutif et coordinatrice de l’action gouvernementale. Le Président ne peut intervenir qu’après cette étape.
Un geste qui interroge
Le choix de Constant Mutamba de s’adresser directement au Chef de l’État est interprété diversement :
Un acte de défiance ou de mépris des institutions ?
Une tentative de contourner l’autorité de la Première Ministre ?
Ou tout simplement une erreur de procédure ?
Quelle qu’en soit la motivation, cette démarche relance les débats sur l’équilibre des pouvoirs au sein de l’exécutif, et surtout sur la place réelle de la Première Ministre dans la gestion des affaires de l’État.
Une fragilité institutionnelle révélée ?
Certains analystes voient dans ce geste un signe révélateur d’un déséquilibre institutionnel persistant : la Première Ministre, pourtant placée à la tête du gouvernement, semble encore peiner à s’imposer comme véritable autorité face à certains ministres qui préfèrent s’adresser directement au Président.
Ce précédent risque d’alimenter une culture de non-respect des procédures et de fragiliser davantage les institutions dans un contexte où la République Démocratique du Congo aspire à renforcer l’État de droit.
Ali Haddad