Selon l’experte, la pollution liée aux particules fines PM2.5 invisibles à l’œil nu mais très nocives cause chaque année des milliers de décès évitables dans le pays.
«Cette pollution est responsable de plus de 8 millions de morts par an dans le monde, dont plus de 80 % dans les pays à faible revenu. En RDC, elle tue silencieusement, bien plus que certaines maladies comme le VIH, le paludisme ou la malnutrition», a-t-elle déclaré.
Les enfants parmi les plus exposés
Chez les enfants de moins de cinq ans, la pollution de l’air est la deuxième cause de mortalité après la malnutrition. Maladies cardiovasculaires, AVC, cancers du poumon, asthme et autres affections respiratoires figurent parmi les conséquences les plus courantes.
«Les populations urbaines vivent dans un environnement saturé de polluants toxiques, sans même en avoir conscience», a déploré Dr NGUTUKA, également doctorante en santé environnementale.
Une surveillance quasi inexistante
L’experte a également pointé l’absence d’un dispositif national de mesure de la qualité de l’air.
«La RDC ne dispose d’aucune station de référence. Seuls quelques capteurs à bas coût ou des données satellitaires, peu précises, sont utilisés», a-t-elle précisé.
Par ailleurs, plus de 80 % des ménages kinois utilisent encore des combustibles solides comme le bois, le charbon ou la braise pour cuisiner. Un facteur aggravant, selon l’experte, d’autant plus que les produits domestiques comme la javel contribuent aussi à la pollution intérieure.
Un cadre légal ignoré
Bien que la loi environnementale de juillet 2011 existe, elle reste largement inappliquée, regrette la spécialiste.
«Il faut des mécanismes clairs pour contrôler, prévenir et protéger. Sans cela, la santé publique continuera de se dégrader», a-t-elle insisté.
Une mobilisation scientifique et citoyenne
La conférence, placée sous le thème «Sensibilisation du grand public sur l’impact sanitaire de la pollution de l’air à KINSHASA et proposition de quelques pistes de solution », a rassemblé plusieurs acteurs du monde académique, scientifique et associatif.
Le Professeur Jean-Marie KAYEMBE NTUMBA, pneumologue et recteur de l’Université de KINSHASA, est également intervenu pour rappeler les effets directs de la pollution atmosphérique sur les voies respiratoires, notamment chez les populations urbaines les plus vulnérables.
En résumé, cette rencontre a permis de tirer la sonnette d’alarme sur un enjeu trop souvent relégué au second plan : respirer un air sain est un droit, pas un luxe.
Rédaction