Cependant, derrière les éloges de circonstance, se cache une réalité bien moins reluisante : celle d’un enseignant congolais marginalisé, sous-payé et abandonné par les politiques publiques. Le salaire qu’il perçoit à la fin du mois, souvent en retard, ne suffit pas à couvrir ses besoins élémentaires. Nourrir sa famille, payer le transport, se soigner ou offrir une éducation décente à ses propres enfants devient un véritable défi.
À cela s’ajoute un manque criant d’opportunités de formation continue. À l’heure où la technologie bouleverse les méthodes pédagogiques à travers le monde, l’enseignant congolais peine à s’adapter, faute de soutien institutionnel. Aucune réforme sérieuse n’a été entreprise pour l’aider à actualiser ses compétences, ni pour moderniser l’enseignement dans le pays. Le système éducatif congolais stagne, et l’enseignant, pourtant acteur central de ce système, est relégué au dernier rang des priorités gouvernementales.
Il est temps que les autorités prennent conscience de l’urgence de la situation. L’enseignant ne peut plus être perçu comme un simple exécutant, mais comme un pilier essentiel du développement national. Le valoriser, c’est investir dans l’avenir. Cela passe par une revalorisation salariale, l’amélioration des conditions de travail, l’accès à la formation continue et la reconnaissance sociale de sa mission.
En cette Journée nationale de l’enseignement, les discours doivent aller au-delà de l’hommage symbolique. Ils doivent être le point de départ d’un engagement ferme : celui de redonner à l’enseignant congolais la place qu’il mérite, celle d’un bâtisseur de la nation.
Ali Haddad