Une vaste opération humanitaire a été lancée ce mardi à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). L’organisation a entamé l’escorte de plusieurs centaines de militaires désarmés des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), de policiers de la Police nationale congolaise (PNC), ainsi que de leurs familles, vers la capitale Kinshasa.
Ces hommes, femmes et enfants étaient jusque-là hébergés à la base de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), où ils avaient trouvé refuge dans un contexte marqué par l’instabilité croissante dans l’est du pays. Face à la dégradation de la situation sécuritaire, leur regroupement dans la base onusienne avait été jugé nécessaire, dans l’attente d’une solution pérenne.
Une opération d’envergure et sous haute coordination
Désormais, le CICR, en coordination étroite avec les autorités congolaises et les représentants des forces de sécurité, a entamé le processus de transfert vers Kinshasa. Selon les informations disponibles, l’opération devrait s’étendre sur plusieurs jours, compte tenu du volume important de personnes impliquées.
« Il s’agit d’une opération humanitaire visant à garantir la sécurité des personnes désarmées, et à assurer leur regroupement dans des conditions dignes, dans un cadre où leur avenir pourra être redéfini par les autorités nationales », a déclaré un porte-parole du CICR.
Le transport se fait sous escorte humanitaire, conformément aux principes de neutralité et d’impartialité qui guident l’action du CICR. Les itinéraires et les modalités précises du transfert n’ont pas été rendus publics pour des raisons de sécurité.
Des militaires et policiers en attente de réintégration ou de réorientation
Cette opération met en lumière une réalité complexe : le sort de nombreux membres des forces de sécurité congolaises, désarmés ou désengagés, dans un climat de tension persistante dans les provinces de l’Est, en particulier le Nord-Kivu. Plusieurs d’entre eux, pris dans des conflits internes ou des réorganisations militaires, se retrouvent isolés, loin de leur base d'origine, sans perspective immédiate de réintégration.
À Kinshasa, ils seront pris en charge par les autorités, qui devront déterminer leur avenir au sein de la chaîne de commandement. Pour certains, une réaffectation pourrait être envisagée. Pour d'autres, une réinsertion dans la vie civile pourrait être la solution privilégiée. Les familles, quant à elles, devront également être accompagnées pour faciliter leur réinstallation dans un environnement souvent très différent de celui qu’elles ont quitté.
Le rôle crucial du CICR dans les situations de transition
L’intervention du CICR dans cette opération n’est pas nouvelle. L’organisation est régulièrement appelée à jouer un rôle d’intermédiaire neutre dans des situations de conflit ou de post-conflit. Dans ce cas précis, son rôle est double : garantir la sécurité physique des personnes transférées et veiller au respect de leur dignité, tout en favorisant un dialogue constructif entre les différentes parties prenantes.
Dans un pays où les crises sécuritaires demeurent fréquentes et où les institutions peinent parfois à gérer les conséquences humaines des conflits, l’intervention de structures humanitaires comme le CICR s’avère cruciale.
Une opération qui en annonce d'autres ?
Alors que la situation sécuritaire reste tendue dans le Nord-Kivu, notamment avec les affrontements entre les FARDC et des groupes armés actifs dans la région, d’autres opérations similaires pourraient être envisagées. La question du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion (DDR) reste au cœur des préoccupations nationales et internationales.
Pour l’heure, le CICR n’a pas communiqué de chiffres précis sur le nombre total de personnes concernées ni sur les étapes suivantes de cette opération.
Néanmoins, une chose est claire : cette action s’inscrit dans un effort plus large de stabilisation et de reconstruction de l’État congolais.
Ali Haddad