Le procureur en chef de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a annoncé ce 16 mai 2025 qu’il se mettait en congé temporaire, le temps qu’une enquête indépendante fasse la lumière sur de graves allégations portées contre lui. Cette décision intervient dans un contexte particulièrement sensible pour la justice internationale.
Depuis décembre 2024, une avocate malaisienne, ancienne collaboratrice de Khan, l'accuse de l’avoir contrainte à plusieurs reprises à des actes sexuels non consentis. Ces agressions présumées se seraient produites dans plusieurs pays, notamment en République démocratique du Congo, au Tchad, à Paris, New York et La Haye. L’affaire est désormais entre les mains du Bureau des services de contrôle interne des Nations unies (OIOS), qui mène l’enquête.
D’autres accusations, tout aussi préoccupantes, visent le procureur : selon des sources internes, plusieurs membres du personnel de la CPI auraient subi des représailles après avoir exprimé des inquiétudes quant à son comportement. Quatre d'entre eux auraient été rétrogradés.
Face à l’ampleur du scandale, Karim Khan a choisi de se retirer temporairement afin de ne pas compromettre le bon déroulement de l’enquête. Pendant son absence, la direction du bureau du procureur sera assurée conjointement par ses adjoints, Nazhat Shameem Khan et Mame Mandiaye Niang.
Des organisations de défense des droits des femmes, comme la FIDH et Women’s Initiatives for Gender Justice, ont salué ce retrait, y voyant une étape nécessaire pour préserver l’intégrité de la Cour et protéger les victimes et lanceurs d’alerte.
Élu en 2021 pour un mandat de neuf ans, Karim Khan est à l’origine de poursuites emblématiques, notamment contre Vladimir Poutine et Benjamin Netanyahou. Son retrait intervient alors que la CPI fait l’objet de pressions croissantes, y compris de la part des États-Unis.
Cette affaire marque un tournant pour la CPI, institution censée incarner les principes les plus élevés de justice. Elle devra désormais démontrer sa capacité à enquêter avec rigueur, même lorsqu’il s’agit de ses propres dirigeants.
Ali Haddad