Un nouvel épisode s’ouvre dans la vie politique congolaise. Constant MUTAMBA, ministre de la Justice et des Droits humains, a officiellement demandé à son collègue en charge du Budget une allocation de 450 000 dollars américains. Ce montant, selon des sources proches du ministère, serait destiné à engager une procédure judiciaire contre l’ancien président Joseph KABILA.
La demande, transmise par correspondance officielle, marque une étape importante dans le bras de fer judiciaire que l’actuel gouvernement pourrait engager contre l’ancien chef de l’État, au pouvoir de 2001 à 2019. Les motifs précis de cette procédure n'ont pas été détaillés publiquement, mais elle s’inscrirait dans une volonté affichée par certaines figures du pouvoir de tourner la page du passé et de rendre des comptes sur la gestion des affaires de l’État.
Une initiative à forte portée politique
L’initiative de Constant MUTAMBA ne passe pas inaperçue. Elle suscite déjà de vives réactions au sein de la classe politique et de la société civile. Pour certains observateurs, cette démarche pourrait être interprétée comme une tentative de règlement de comptes politique, tandis que pour d’autres, il s’agit d’une avancée vers la redevabilité des anciens dirigeants.
Le Front Commun pour le Congo (FCC), plateforme politique proche de Joseph KABILA, n’a pas encore officiellement réagi à cette demande budgétaire. Cependant, des cadres du parti dénoncent déjà en coulisses une "instrumentalisation de la justice à des fins politiques".
Une justice sous pression ?
Cette demande soulève également la question de l’indépendance de la justice congolaise. Depuis son arrivée à la tête du ministère de la Justice, Constant Mutamba a multiplié les déclarations affirmant sa volonté de réformer le système judiciaire et de lutter contre l’impunité. Mais pour plusieurs analystes, la réussite d’une telle procédure dépendra autant de la solidité des preuves que du respect strict des procédures légales.
Vers un précédent historique ?
Si cette procédure devait effectivement être engagée, ce serait la première fois dans l’histoire de la RDC qu’un ancien président ferait face à une action judiciaire initiée par l’État lui-même. Une telle démarche pourrait établir un précédent dans la culture politique congolaise, longtemps marquée par la protection des anciens chefs d’État.
Dans un pays où l’impunité des élites reste un sujet sensible, cette initiative, bien que controversée, pourrait ouvrir un nouveau chapitre dans la lutte pour la justice et la transparence en République Démocratique du Congo.
Ali Haddad