Près de quatre ans après son retrait officiel de la vie politique active, l’ancien président Joseph KABILA a surpris l’opinion publique par un discours solennel aux accents d’appel patriotique. Devant un parterre de fidèles et de curieux, il a dévoilé un «pacte citoyen» articulé autour de 12 engagements majeurs, présentés comme une réponse aux «périls qui menacent la République».
Un engagement total pour un Congo nouveau
Dans ce discours d’une trentaine de minutes, Joseph KABILA a égrené une série de promesses visant à restaurer la dignité et la souveraineté de la République démocratique du Congo.
Les piliers de ce pacte sont :
1. Fin de la tyrannie,
2. Restauration de l’État de droit,
3. Réconciliation nationale,
4. Retrait des troupes étrangères,
5. Arrêt de l’utilisation de mercenaires,
6. Rétablissement de la démocratie,
7. Relance du développement,
8. Renforcement de l’autorité de l’État,
9. Protection des droits humains,
10. Lutte contre la corruption,
11. Bonne gouvernance,
12. Engagement pour la paix.
Ce programme, résolument ambitieux, semble vouloir répondre aux attentes populaires face à l’insécurité persistante à l’est du pays, aux crises institutionnelles et à la perte de confiance envers les élites.
Une déclaration d’intention, mais à quel prix ?
Si l’initiative a été saluée par certains comme un signal fort en faveur de la réconciliation nationale, elle n’a pas manqué de susciter scepticisme et critiques. De nombreux analystes s’interrogent sur la légitimité de KABILA à porter ce message, lui dont le long règne a été marqué par de multiples controverses : retard des élections, violations des droits humains, corruption, et affaiblissement des institutions.
«Peut-on réparer une maison qu’on a soi-même contribué à ruiner ?», s’interroge un chercheur en sciences politiques de l’Université de LUBUMBASHI.
Entre utopie et stratégie
Pour ses partisans, KABILA incarne toujours une figure de stabilité, notamment dans les régions du KATANGA et du MANIEMA. Pour ses détracteurs, il s’agit d’une opération de repositionnement politique, à l’approche des prochaines échéances électorales.
Mais au-delà de la personne de KABILA, ces 12 engagements posent une vraie question de fond : que faut-il faire pour réellement "sauver le Congo" ? Le pays a-t-il besoin d’un homme providentiel, ou d’un réveil collectif et citoyen pour réinventer la République ?
Une feuille de route crédible ?
La balle est désormais dans le camp de l’ancien président. S’il veut transformer ces promesses en une dynamique nationale, il devra passer de la parole aux actes, poser des gestes concrets de réconciliation, et peut-être surtout, faire un véritable bilan critique de son propre passage au pouvoir.
Car le peuple congolais, plus que jamais, est en quête non de slogans, mais de solutions.
Ali Haddad