Dans le contexte de l’instabilité persistante dans la région de l’Est de la République démocratique du Congo, plusieurs agents de l’Office congolais de contrôle (OCC) ainsi que d’autres fonctionnaires opérant dans les zones occupées par le groupe armé M23-AFC voient leurs salaires suspendus. Cette décision fait suite à une directive émanant du gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, le général-major Évariste Somo Kakule, qui a ordonné la mise en congé technique des agents n’ayant pas rejoint le siège administratif provisoire de Beni.
Cette mesure cible essentiellement les agents restés dans les territoires contrôlés par le M23-AFC, notamment dans la ville de Goma, suspectés d’avoir collaboré ou rejoint les forces rebelles. Si la mise en congé technique suspend la rémunération, elle maintient néanmoins la prise en charge médicale pour les agents qui n’auraient pas prêté allégeance aux forces d’occupation.
La décision a suscité des réactions diverses. Certains agents dénoncent une mesure injuste, soulignant que les conditions sécuritaires difficiles les empêchent de rejoindre Beni. D’autres expriment leur crainte quant à l’affaiblissement des services publics dans une région déjà fragilisée par le conflit armé. Notamment, une centaine d’agents de la Direction générale des recettes du Nord-Kivu (DGR-NK) à Goma, malgré une autorisation officielle de ne pas se rendre à Beni en raison de la situation sécuritaire, subissent une suspension de leurs salaires.
Par ailleurs, le gouvernement congolais a réaffirmé son engagement à assurer la rémunération des enseignants exerçant dans les zones sous contrôle du M23-AFC. Toutefois, la fermeture des institutions financières dans plusieurs villes de l’Est, telles que Goma et Bukavu, complique l’accès aux salaires, perturbant ainsi la chaîne de paiement.
Cette situation reflète les tensions entre la nécessité de contrôler les agents publics dans un contexte sécuritaire complexe et l’impératif de maintenir les services publics. La suspension des salaires, destinée à sanctionner les agents suspectés de collusion avec les forces rebelles, pose de lourds défis humains et administratifs dans une région déjà en proie à une crise profonde.
Ali Haddad