Un grave accrochage institutionnel secoue la République démocratique du Congo. Le ministre d’État à la Justice, Constant MUTAMBA, a lancé une attaque verbale d’une rare violence contre le Procureur Général près la Cour de cassation, révélant au grand jour une crise interne au sommet de l’appareil judiciaire congolais.
C’est en lingala, langue à forte portée populaire, que le ministre s’est exprimé publiquement :
« Boyebisa procureur général ya Cour de cassation que na yebeli boloko, nazali prêt. Asali faute disciplinaire grave. Napesi mitindo te balobela ye te, Secrétaire général ya Justice akozala te devant ye. Jamais ako mona ngai na défense na ye. »
Traduction :
«Dites au procureur général près la Cour de cassation que je n’ai pas peur de la prison, je suis prêt. Il a commis une faute disciplinaire grave. J’ai interdit au secrétaire général de la Justice de répondre à son invitation et jamais il ne me verra devant lui pour me défendre.»
Une rupture institutionnelle majeure
Cette déclaration tonitruante met en lumière une tension inédite entre le pouvoir exécutif, à travers le ministre de la Justice, et l’un des piliers du pouvoir judiciaire. Le refus affiché de collaborer avec la justice et de répondre à une convocation constitue un précédent lourd de conséquences pour l’État de droit.
Selon certaines sources proches du dossier, cette confrontation trouverait son origine dans des enquêtes ou des instructions sensibles en cours, mais aucun détail officiel n’a pour l’instant été communiqué sur la nature exacte de la « faute disciplinaire » reprochée au magistrat.
Une crise aux répercussions politiques
Au-delà du choc provoqué dans l’opinion publique, cette affaire pourrait ouvrir une crise politique et institutionnelle profonde. Les appels au respect de la séparation des pouvoirs pourraient se multiplier, alors que la justice congolaise peine déjà à affirmer son indépendance.
D’aucuns y voient une stratégie politique de Constant Mutamba pour renforcer son image d’homme fort et intransigeant, dans un contexte où la justice est souvent perçue comme instrumentalisée. D’autres, en revanche, s’inquiètent d’un glissement dangereux vers l’arbitraire et la personnalisation des conflits d’État.
Et maintenant...
L’issue de cette confrontation reste incertaine. Une médiation au sein des plus hautes sphères de l’État pourrait être nécessaire pour éviter une paralysie ou une escalade. En attendant, cette sortie marque un tournant dans les rapports entre le pouvoir judiciaire et l’exécutif congolais, et ouvre un nouveau chapitre, tendu et imprévisible, dans la vie politique du pays.
Ali Haddad