La scène politique congolaise pourrait-elle assister à une énième recomposition des alliances ? Dans une sortie teintée d’ironie mais lourdement chargée de sous-entendus, Martin FAYULU, leader de l’opposition et président de l’ECiDé, s’interroge sur les tractations politiques en cours dans les hautes sphères de la République Démocratique du Congo.
«Assistons-nous à une troisième grossesse du couple FCC-CASH ou à une première grossesse du couple
UNION SACRÉE-FCC ? Qui veut-on vraiment prendre pour le dindon de la farce ? Le peuple ?»
Cette déclaration choc, riche en métaphores, pose une question centrale : le peuple congolais est-il une fois de plus l’instrument passif de jeux d’alliances entre élites politiques ?
Retour sur les alliances passées
Après les élections contestées de 2018, le pays avait été dirigé par une coalition pour le moins inattendue : le FCC de Joseph KABILA et le CACH de Félix TSHISEKEDI, formant un attelage bancal où les intérêts étaient plus partisans que nationaux. Cette alliance s’est soldée par une rupture officielle en 2021, donnant naissance à la coalition Union Sacrée de la Nation, constituée autour du président TSHISEKEDI, avec de nouveaux partenaires politiques.
Mais aujourd’hui, à l’aube de nouveaux enjeux électoraux et institutionnels, des signaux laissent penser à des discussions en coulisses entre d’anciens rivaux, voire à une possible reconstitution de certaines ententes d’autrefois.
FAYULU tire la sonnette d’alarme
En utilisant les termes de «grossesse» pour qualifier ces potentiels rapprochements, FAYULU suggère que ces alliances ne sont ni naturelles ni fondées sur une vision politique claire, mais plutôt sur des calculs opportunistes visant à maintenir le contrôle du pouvoir et à garantir des intérêts personnels.
Il questionne frontalement la sincérité de ceux qui se revendiquent du changement, tout en flirtant avec les anciens piliers du système qu’ils ont prétendu combattre.
Le risque d’une désillusion populaire
Le fond de la déclaration de Fayulu est clair : le peuple congolais risque une nouvelle fois d’être trahi, manipulé par une classe politique qui recycle les mêmes figures et les mêmes méthodes. Les grandes promesses de changement risquent de se dissoudre dans un nouveau compromis élitiste, éloigné des réalités du quotidien des citoyens : pauvreté, insécurité à l’Est, chômage, corruption endémique…
Une alerte à prendre au sérieux
Dans un pays où l’histoire politique récente est marquée par des alliances de circonstance, souvent au détriment des principes démocratiques, la sortie de FAYULU sonne comme une alerte contre une nouvelle imposture. Il s’adresse non seulement aux acteurs politiques, mais aussi à la population, l’appelant à la vigilance et à la lucidité.
Au-delà des mots, c’est la légitimité même des institutions et de leurs représentants qui est en jeu. Le peuple congolais mérite mieux que des mariages politiques sans amour, où il n’est invité qu’en tant que figurant.
À travers sa déclaration, Martin FAYULU ne se contente pas de critiquer ; il interpelle, il secoue. Sa question finale reste suspendue dans l’air comme une menace voilée à la classe politique : "Le peuple sera-t-il encore une fois le dindon de la farce ?"
L’avenir proche nous dira si cette alerte était fondée… ou ignorée.
Ali Haddad