.png)
Au cœur du discours officiel, la guerre dans l’Est de la RDC justifie tout : dépenses massives, mobilisation des troupes, rhétorique nationaliste. Mais dans l’ombre des chiffres et des uniformes, des veuves de militaires, parfois depuis des années, attendent encore que l’État tienne ses promesses.
Le lieutenant-général Johnny LUBOYA gouverneur militaire de l’Ituri, ne cache plus son indignation :
«Un militaire qui apprend que les veuves ne sont pas payées, pourquoi devrait-il se sacrifier ?»
La question est brutale, mais elle dit tout. Car pendant que le gouvernement débloque des milliards pour les opérations militaires, les familles des soldats morts sont ignorées, humiliées par le silence de l’administration et l’indifférence des élites.
Quand les gradés paradent, les familles pleurent
À KINSHASA, loin du front, le discours est tout autre. Le commandant de la Garde Républicaine, le général Ephraïm KABI KIRIZA, déclarait récemment :
«Nos femmes ont retrouvé leur beauté, nos enfants sont bien soignés au camp Tshatshi.»
Des mots qui choquent. Car cette réalité n’existe que pour une minorité d’officiers privilégiés, pendant que la grande majorité des soldats vivent dans la précarité et que leurs familles endeuillées sont laissées à elles-mêmes.
Les contradictions d’un État qui se contredit
Voici ce que vivent les Congolais :
* Des dépenses sécuritaires records, mais des veuves sans pension, sans suivi, sans justice.
* Des officiers confortablement installés, pendant que les soldats sur le terrain doutent du sens de leur sacrifice.
* Des rapports accablants sur les retards de paiement, mais aucune sanction, aucun changement.
* Des discours officiels de victoire, pendant que la souffrance gagne les familles militaires.
Un sacrifice méprisé
Comment parler de patriotisme quand ceux qui tombent sont oubliés?
Comment construire une armée forte si la douleur des veuves est ignorée?
Le scandale n’est pas seulement financier. Il est moral, politique et humain. Tant que les milliards investis dans la guerre ne serviront pas aussi à honorer les morts, protéger les vivants et soutenir les familles, la RDC ne pourra prétendre à une paix juste.
Ali Haddad
