Le phénomène “MAGODA” continue de faire couler beaucoup d’encre en République démocratique du Congo. Ce challenge de danse, devenu viral sur les réseaux sociaux, est aujourd’hui au cœur d’une vive polémique mêlant liberté d’expression, valeurs culturelles et intervention judiciaire.
Popularisé par un extrait suggestif d’une chanson du chanteur congolais Héritier Watanabe, le challenge “MAGODA”consiste à reproduire des mouvements de danse jugés très explicites, souvent en public, dans les rues, sur des motos ou au marché, parfois sans le consentement des passants filmés. Ces vidéos, largement diffusées sur TikTok, Instagram et Facebook, sont critiquées pour leur caractère jugé indécent, voire obscène.
Réaction des autorités
Face à l’ampleur du phénomène, les autorités ont décidé d’agir. Christian Bosembe, président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), a annoncé, ce jeudi, l’ouverture d’une procédure judiciaire. Une femme identifiée comme promotrice du challenge “MAGODA” est désormais visée par un avis de recherche officiel.
«Elle est accusée de dépravation des mœurs. Une instruction judiciaire est en cours afin d’établir les responsabilités», a précisé le président du CSAC.
Selon les autorités, certaines vidéos pourraient porter atteinte aux bonnes mœurs, surtout lorsqu’elles sont tournées dans des lieux publics ou en présence d’enfants.
Entre expression artistique et moralité publique
Cette affaire relance le débat sur la liberté de création face aux normes sociales et religieuses. Pour certains défenseurs de la danse, “MAGODA” n’est qu’une forme d’expression culturelle contemporaine et une manière de faire vivre la musique congolaise à l’ère du numérique. D’autres, en revanche, estiment que cette tendance encourage la vulgarité et banalise l’exposition du corps de la femme à des fins de divertissement.
Le silence de l’artiste
À ce stade, Héritier WATANABE ne s’est pas encore publiquement exprimé sur cette controverse. Plusieurs observateurs estiment que son positionnement pourrait contribuer à calmer les tensions ou, au contraire, attiser le débat.
Quelles suites judiciaires ?
La suite de l’affaire dépendra de l’enquête en cours. Si les accusations sont retenues, la principale promotrice du challenge pourrait faire face à des sanctions pénales. Le CSAC, pour sa part, a déjà renforcé sa surveillance sur les contenus diffusés en ligne et promet d’agir contre toute production considérée comme attentatoire à l’ordre moral.
Une société tiraillée entre modernité numérique et traditions : la polémique “MAGODA” est plus qu’une affaire de danse. Elle révèle les tensions croissantes entre liberté d'expression, valeurs culturelles et autorité publique en RDC.
Ali HADDAD