RDC | Luttes associées : 17 médailles arrachées au Championnat d'Afrique et un silence de cimetière de la part de l’État

Ils ont hissé les couleurs de la République démocratique du Congo sur le toit de l’Afrique. Les Léopards Luttes ont décroché 17 médailles (4 en or, 2 en argent et 11 en bronze) lors du Championnat d’Afrique de luttes associées, organisé à Casablanca du 29 avril au 4 mai dernier. Pourtant, depuis leur retour au pays le 8 mai, c’est l’indifférence totale.

Aucune prime. Aucun accueil officiel digne de ce nom. Aucun geste concret du gouvernement. Et ce, malgré les promesses publiques du ministre des Sports, Didier Budimbu, qui s’était engagé à récompenser les athlètes. Mais deux mois plus tard, le dossier reste bloqué au ministère des Finances, selon plusieurs sources. Les performances historiques de ces sportifs se retrouvent réduites à de simples annotations sur un rapport oublié dans un tiroir.

Un traitement inégal

Le cas des Léopards Luttes met crûment en lumière l’inégalité de traitement entre disciplines sportives en RDC. Tandis que ces champions attendent toujours la moindre prime, les Léopards U20 en football, pourtant éliminés en quarts de finale de la dernière CAN U20, ont perçu sans encombre leur dû. Et ce, alors que les deux compétitions se sont déroulées sur la même période.

Pourquoi un tel déséquilibre ? Le football semble bénéficier d’une attention et de ressources quasi exclusives. Des mécanismes de préfinancement, des agences partenaires, des fonds garantis, même en cas de contre-performance. À l’inverse, les autres disciplines, même victorieuses, peinent à recevoir le minimum vital.

Une question de choix politique

Le problème est plus profond. Les sports hors football sont systématiquement négligés. Pas de préparation, pas de visibilité médiatique, pas de politique d’accompagnement. Pourtant, ces disciplines rapportent des médailles, de la fierté nationale et véhiculent les valeurs du mérite et de la discipline.

Pendant ce temps, des initiatives telles que le partenariat entre l’État congolais et le club français de l’AS MONACO, qui mobilise plus de 12 milliards de francs congolais par an, avancent à grand pas. Le contraste est frappant. Des champions nationaux attendent quelques millions, quand des projets structurés autour d’un sport unique absorbent des budgets colossaux.

Une urgence de reconnaissance

Ce que vivent les Léopards Luttes n’est pas une simple négligence. C’est un déni de reconnaissance, un abandon institutionnel. Derrière chaque médaille conquise, il y a des mois d’entraînement, des sacrifices, des blessures, des espoirs.

Il est temps que la politique sportive congolaise s’élargisse à toutes les disciplines. Car chaque athlète qui représente le pays mérite respect, soutien et dignité. Laisser ces héros nationaux dans l’oubli, c’est étouffer le rêve de toute une génération de sportifs.

Émeraude KAMBA