Dans une tribune poignante et empreinte d’indignation, Patrick KANGA, notable et citoyen engagé, a exprimé son profond malaise face au ton employé dans la sphère politique congolaise, notamment à travers les récentes déclarations du Vice-Premier Ministre des Transports, Jean-Pierre BEMBA. Ce dernier est accusé d’avoir tenu des propos insultants à l’encontre de l’ancien Président de la République, Joseph KABILA, suscitant une onde de choc dans l’opinion.
Une rupture avec l’histoire politique congolaise
Dans son texte, KANGA rappelle avec amertume que, malgré les divergences politiques profondes qu’a connues la RDC depuis l’indépendance, entre KASA-VUBU et LUMUMBA, MOBUTU et TSHISEKEDI, ou encore KABILA père et MOBUTU, le respect des adversaires politiques était une ligne rouge que l’on ne franchissait pas.
«Même au plus fort des tensions, le minimum de bienséance était respecté», affirme-t-il.
Il évoque avec respect la posture digne de Laurent-Désiré KABILA face à son prédécesseur, tout comme celle de Joseph KABILA, qui dans un discours récent, a fait preuve d’élégance en évoquant son successeur sans injure ni mépris.
Une indignation contre «la politique de l’invective»
KANGA accuse certains responsables politiques actuels, sans les nommer directement, de transformer les plateaux télévisés en arènes d’insultes au nom de la loyauté politique :
«La nouvelle trouvaille pour faire preuve de loyauté, c’est injurier à tue-tête l’ancien Président de la République… Tout cela pourquoi ? Préserver des intérêts financiers.»
Il dénonce une culture politique de la flatterie intéressée, où l’insulte devient un instrument pour garder son poste ou accéder à des marchés publics.
Le rôle des aînés remis en cause
La déception est d’autant plus grande que l’auteur partage ses origines équatoriennes avec Jean-Pierre BEMBA.
Il rappelle les valeurs de dignité et de réserve qui, selon lui, caractérisaient autrefois cette région :
«Ce n’est pas dans notre culture d’être des flatteurs patentés… Nous sommes des personnes dignes, fières, véridiques.»
Il en appelle également à l’héritage moral du patriarche Léon Kengo wa Dondo, pour rappeler la nécessité d’une parole mesurée, empreinte de responsabilité.
Un appel à la raison et à la responsabilité
Au-delà de la dénonciation, KANGA conclut par un appel à l’apaisement, exhortant la classe politique à se recentrer sur les vrais défis du pays :
«Tout en désapprouvant totalement les propos tenus par le VPM des Transports, j’en appelle à un climat de sérénité et de responsabilité afin que nous réglions les défis auxquels notre pays fait face.»
Une crise de maturité politique ?
Cet épisode soulève une question fondamentale : la RDC est-elle en train de perdre les repères d’un débat démocratique sain au profit de la polarisation, de l’invective et de la quête d’intérêts personnels ? Le cri de Patrick KANGA semble traduire le ras-le-bol d’une opinion publique de plus en plus déçue par une classe politique qu’elle espérait plus soucieuse du bien commun.
À l’heure où le pays est confronté à d’immenses défis – sécuritaires, économiques et sociaux – la RDC a besoin d’un leadership responsable, capable de bâtir une République fondée sur la vérité, la cohésion et le respect mutuel.
Ali Haddad