Alors que sa gestion à la tête du Fonds forestier national (FFN) est sévèrement critiquée par la Cour des comptes, l’ancien Directeur général Honoré Mulumba Kalala tente de reprendre les rênes de l’institution, invoquant une prétendue décision de justice en sa faveur. Une initiative perçue par plusieurs observateurs comme une insulte aux efforts actuels de redressement entrepris par son successeur intérimaire, Assani Ongala Hassan.
Une décision controversée, malgré un lourd passif
Selon des sources judiciaires proches du contentieux administratif, un arrêt aurait récemment été rendu pour réhabiliter Honoré Mulumba Kalala à la tête du FFN. Et ce, malgré les nombreux griefs relevés contre lui dans un rapport préliminaire accablant de la Cour des comptes, basé sur des missions d’audit couvrant les exercices 2021 à 2024.
Ces missions, exécutées sous les ordres n° CAB.PPCC/CC/MBA/097/2024, CAB.PPCC/CC/BIJ/136/2025 et CAB.PPCC/MBA/142/2025, ont mis en évidence des irrégularités majeures dans la gouvernance, les finances et les activités du Fonds sous sa gestion.
Une gestion entachée d’irrégularités financières
Parmi les faits reprochés :
L’ouverture illégale d’une antenne provinciale du FFN à Mbuji-Mayi, sans aval du Conseil d’administration ni du ministère de tutelle, en violation du décret 09/24 du 21 mai 2009. Le contrat de bail signé le 14 février 2023 a conduit au paiement injustifié de 16 500 USD pour une structure jugée fictive.
L’exécution de budgets sans approbation formelle, en totale contradiction avec l’article 17 du décret de création du FFN.
Sur près de 5 millions USD destinés à des projets de reboisement, seuls trois projets ont été suivis ou évalués, laissant planer de lourds soupçons sur l’utilisation réelle des fonds.
Des pertes massives pour l’État
Le rapport de la Cour des comptes chiffre les pertes financières à plusieurs millions :
Une perte nette de 7,7 millions USD causée par le rabattement illégal des superficies déboisées, notamment au profit d’entreprises comme Scipec, Sek Kipoï et Cokibafode.
Le financement non justifié de 83 ONGD inéligibles pour un montant de 2,75 millions USD, sans l’aval du ministère.
Le financement irrégulier de 196 projets, dont 71 sans analyse technique préalable, avec un préjudice estimé à 1,44 million USD.
Des marchés publics attribués de gré à gré, notamment pour l’achat de véhicules, en violation de la loi sur la passation des marchés publics (loi n°10/010 du 27 avril 2010).
Soupçons de corruption dans la tentative de réhabilitation
Malgré ces manquements graves, certaines sources dénoncent une tentative active de retour de Mulumba Kalala aux commandes, facilitée par la circulation présumée de 300 000 USD dans les couloirs du Conseil d’État. Si ces faits sont avérés, il s’agirait d’un grave scandale remettant en cause l’indépendance de la justice administrative.
“Une telle manœuvre constitue une atteinte directe à l’État de droit. Elle compromet les efforts de lutte contre la corruption et mine la confiance des citoyens dans nos institutions publiques”, dénonce un juriste spécialisé en gouvernance.
Appel urgent aux institutions de contrôle
Face à cette situation alarmante, plusieurs voix s’élèvent pour demander :
La publication du rapport final de la Cour des comptes,
Une enquête judiciaire approfondie,
Et l’implication des organes de contrôle pour empêcher une éventuelle réhabilitation de l’ancien DG.
Car au-delà du cas individuel de Mulumba Kalala, c’est la crédibilité de l’État congolais dans la gestion durable de ses ressources forestières qui est en jeu.
NKK