Le rideau est tombé sur la participation de la République démocratique du Congo au Championnat d’Afrique des Nations 2024. Les Léopards locaux, porteurs d’un héritage prestigieux dans cette compétition qu’ils ont déjà remportée, quittent le tournoi dès la phase de groupes. Une sortie prématurée qui n’est pas seulement un échec sportif, mais surtout le reflet d’une faillite institutionnelle et d’une indifférence coupable des autorités congolaises.
Une élimination qui dépasse le rectangle vert
Sur le terrain, les Léopards n’ont pas démérité. Quelques fulgurances, une envie de bien faire, et surtout un potentiel indéniable ont été visibles. Mais cela n’a pas suffi. Car dans le football moderne, le talent seul ne gagne plus : il doit être accompagné d’une préparation rigoureuse, d’un suivi permanent et d’un encadrement structuré. Rien de tout cela n’a été offert à cette équipe.
La débâcle n’était donc pas une surprise, mais une conséquence logique d’un processus vicié dès le départ.
La grande démission de l’État
Le constat est sans appel : les joueurs ont été abandonnés. Faute de moyens, faute de vision, faute de volonté politique. Pendant que d’autres nations investissent sérieusement dans leurs sélections locales, la RDC a brillé par son improvisation. Pas de programme de préparation clair, pas d’accompagnement logistique digne de ce nom, pas même un engagement symbolique fort de la part du gouvernement.
Au contraire, comme l’ont dénoncé plusieurs observateurs, nos autorités préfèrent dépenser des sommes colossales pour se donner en spectacle dans les tribunes de clubs étrangers, applaudir Barcelone, Monaco ou d’autres équipes européennes, pendant que leurs propres ambassadeurs sportifs manquent du strict minimum.
Une humiliation nationale
Cette élimination n’est pas seulement une défaite sportive. C’est une humiliation nationale. Elle traduit un mépris systémique pour le football local, ce vivier pourtant riche en talents qui nourrit depuis toujours les plus grands clubs africains et européens. Comment espérer que les Léopards locaux se battent à armes égales quand ils sont livrés à eux-mêmes, sans infrastructures, sans planification, sans suivi ?
Mika Michée l’a bien résumé : « Ce groupe n’a pas perdu par manque de talent, mais par manque de respect et de considération. » Tout est dit.
Un miroir de nos contradictions
Le CHAN 2024 restera dans l’histoire comme une illustration de nos contradictions. Nous sommes un pays qui rêve de gloire sportive, mais qui refuse d’en assumer les conditions. Nous réclamons des victoires, mais nous négligeons la préparation. Nous applaudissons les exploits des autres, mais nous laissons mourir nos propres espoirs.
Cette élimination est un échec collectif, celui d’un État qui ne sait pas valoriser ses forces vives. Le football local n’est pas seulement une affaire de sport, c’est un enjeu social, culturel et même économique. Chaque match des Léopards est une vitrine pour le pays. Mais quand cette vitrine est fissurée par la négligence et l’indifférence, c’est l’image entière de la nation qui en pâtit.
La leçon à retenir
L’échec du CHAN 2024 doit sonner comme un électrochoc. Car la RDC ne manque pas de talents. Elle manque de volonté politique, de planification et de respect pour son football. La préparation n’est pas une option, elle est la condition première de toute réussite.
En sacrifiant les Léopards, c’est toute une jeunesse passionnée et croyante en ses idoles qu’on a trahie. Si rien ne change, nos défaites continueront de se répéter, et nos humiliations de s’accumuler.
Le gouvernement doit comprendre une chose simple : on ne gagne pas en applaudissant Barcelone ou Monaco. On gagne en préparant ses Léopards.
Rédaction