Lancée par le gouverneur de la ville de Kinshasa, Daniel Bumba, l’opération de démolition des constructions anarchiques continue de susciter débats et frustrations parmi les habitants de la capitale.
Au départ, cette initiative avait été largement saluée par la population, surtout après les inondations meurtrières qui ont frappé la ville en avril dernier. Beaucoup y voyaient un pas décisif vers l’assainissement de l’espace urbain et la prévention de nouvelles catastrophes.
Cependant, au fil des jours, des voix s’élèvent pour dénoncer une application jugée sélective et injuste. Plusieurs Kinois affirment que certaines maisons érigées en violation flagrante des normes – notamment sur des caniveaux ou dans des zones à haut risque – n’ont pas été concernées par les bulldozers. La raison, selon eux : ces habitations appartiendraient à des personnalités influentes.
Un habitant de l’avenue OUA, au croisement Refuge vers le magasin Kintambo, ainsi qu’au croisement Komoriko dans la même commune, témoigne :
« Des maisons qui bouchent les caniveaux, créant ainsi de graves inondations, sont toujours là. Pourtant, d’autres, construites sur la même avenue mais appartenant à des citoyens ordinaires, ont été démolies.»
Ce constat alimente un sentiment d’injustice. Pour certains, les décisions ne se baseraient pas uniquement sur le respect des normes urbanistiques, mais aussi sur la proximité ou non des propriétaires avec « les parapluies » institutionnels.
Ainsi, de nombreux Kinois s’interrogent : pourquoi l’opération s’arrête-t-elle précisément là où commencent les intérêts des autorités ? Comment expliquer que les mêmes règles soient appliquées avec rigueur d’un côté et ignorées de l’autre ?
En attendant une clarification officielle du gouvernement provincial, la méfiance grandit dans l’opinion publique. Beaucoup craignent que cette opération, pourtant nécessaire pour assainir la capitale et prévenir les inondations, perde toute sa crédibilité si elle n’est pas menée de manière équitable et transparente.
JNC