La question de l'État de droit au TANGANYIKA a encore été soumise à la consultation populaire à KALEMIE jeudi 22 mai. Constant MUTAMBA TUNGUNGA, ministre d'État de la justice et garde des sceaux, a redonné la parole à la population.
Beaucoup d'habitants de KALEMIE ont ouvertement partagé une lecture angoissée du fonctionnement de la justice qui serait à double vitesse. Cette consultation a été une occasion de s'exprimer et de dénoncer les actes indélicats de certains magistrats et autres fonctionnaires publics et privés.
Des affaires qui sevissent comme un fléau telles que la spoliation foncière ou immobilière, des décomptes finaux non versés et les renvois abusifs du travail ont été évoquées.
La consultation de décembre 2024 avait consacré la création d'une commission sensée recevoir les dossiers de doléances et travailler à la résolution des discordes parcellaires.
Maître AKILIMALI NAZER président de cette commission et certaines victimes ont souligné une évolution marquant dans la recherche d'un heureux dénouement des antécédents.
Selon cet avocat, sur 110 dossiers litigieux réceptionnés en décembre dernier lors de la première consultation populaire à KALEMIE, 72 ont été résolus «en faveur des victimes», pendant que d'autres affaires sont en cours de traitement dans les instances judiciaires. Ce jeudi, 42 autres dossiers se sont rajoutés sur le registre.
La crédibilité de la justice questionnée, MUTAMBA demandé de s'engager pour la cause des opprimés
Les victimes impliquées dans des procédures judiciaires interminables (10 ans , 8 ans, 4 ans) exhortent Constant MUTAMBA de se mettre au créneau pour leur causes.
Les ex-salariés de la cimenterie INTERLACS réclament des décomptes finaux auprès du Groupe Taverne SARL basé à KINSHASA, patronné par le 2ème vice-président du sénat BAHATI LUKWEBO. Ils sollicitent l'intervention du ministre de la justice.
Jeanne, une veuve âgée d'une quarantaine, est tombée dans la marmite de spoliation foncière à MONI.
Elle raconte qu'un officier de l'armée qui se revendique propriétaire de son terrain a détruit sa maison en phase de construction après l'avoir tabassée et dénudée. Son recours à la justice n'a jamais permis l'arrestation de son agresseur. Cette femme élève ses cinq enfants dans une maison envahie par les eaux de la rivière LUKUGA en crue ; son marie étant mort, abattu par les insurgés en septembre 2024 à NYUNZU .
Une autre scène d'escroquerie immobilière a eu lieu au camp MAHITO. La femme d'un militaire à la retraite a été jetée dans la rue avec ses enfants. Depuis maintenant une année sa maison est occupée par un haut gradé de l'armée.
Janis une femme au foyer affirme avoir des démêlés judiciaires avec l'ancien commissaire provincial de la police au TANGANYIKA, général Jean Yav MUKAYA et son épouse, au sujet d'un terrain à MONI, dans le quartier Joseph. Le dossier est en cours de traitement au tribunal de paix.
Janis mère de 10 enfants a déclaré avoir été passée à tabac à deux reprises par des hommes en treillis et son mari, fonctionnaire de l'armée arrêté avant d'être relaxé.
«Une tentative de dissuasion pour nous amener à abandonner toute résistance autour de la parcelle dont chacun réclame la paternité», a-t-elle confié.
Face aux déclarations qui rappellent l'image d'une justice altérée, le ministre doit peser de tout son poids pour mettre un terme aux dérives dans son secteur et trouver une issue aux doléances.
Ildephonse WILONDJA