Coup de théâtre au sein du gouvernement congolais. Le ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant MUTAMBA TUNGUNGA, a annoncé officiellement sa démission dans une lettre adressée au président de la République, Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. Un départ tonitruant accompagné de révélations graves, de critiques acerbes et d’un bilan qu’il revendique hautement positif.
Un climat de tension et des menaces dénoncées
Dans sa lettre de quatre pages, l’ancien ministre dénonce un complot contre sa personne qu’il attribue à une "main étrangère" en provenance de Kigali. Il affirme avoir été victime de menaces d’élimination physique, évoquant un contexte devenu intenable pour continuer à exercer ses fonctions en toute sérénité.
«Je ne veux pas être complice d’une injustice fabriquée ni le bouclier d’intérêts inavoués», écrit-il, visiblement affecté mais déterminé à ne pas rompre avec ses principes.
Un bilan revendiqué avec fierté
Mutamba a profité de cette démission pour mettre en avant plusieurs réformes qu’il considère comme majeures pour le système judiciaire congolais :
La mise en place du guichet unique pour la création d'entreprises, simplifiant les démarches administratives.
L’adoption du principe de l’insaisissabilité des biens publics, renforçant la protection du patrimoine de l’État.
Le lancement d’audiences foraines dans les quartiers pour lutter contre la criminalité urbaine (Kuluna).
Un désengorgement partiel des prisons par des mesures ciblées.
Et surtout, l’élaboration et le vote de la loi sur le Tribunal Pénal Éco-Financier, une innovation dans la lutte contre les crimes économiques.
Une posture d’homme de combat
Fidèle à son image d’homme intransigeant, MUTAMBA affirme n’avoir jamais cédé à la corruption ni trahi ses valeurs.
«Je n’ai jamais pris un seul dollar de l’État. Mon engagement envers la justice, je le poursuivrai, même hors du gouvernement», déclare-t-il, promettant de continuer son combat pour une justice équitable et contre les «envahisseurs» qui menaceraient, selon lui, la souveraineté du pays.
Un départ lourd de conséquences ?
Cette démission soulève de nombreuses questions. S’agit-il d’un simple acte de conviction ou des premiers signes d’un malaise profond au sein des institutions ? Des interrogations planent aussi sur les pressions évoquées et les implications géopolitiques suggérées.
Alors que la RDC entre dans une nouvelle phase politique post-électorale, ce départ de Constant MUTAMBA pourrait bien marquer un tournant dans les rapports de force entre les institutions et les acteurs influents du pays.
Ali Haddad