Nommés par ordonnance présidentielle à l’issue d’un concours national, les 2 500 nouveaux magistrats de la République démocratique du Congo attendent toujours leur prise en charge effective. Une situation qui, selon eux, frôle l’humiliation, alors même qu’ils sont désormais soumis à des obligations strictes liées à leur statut.
« Des magistrats qui sont chassés par les bailleurs, nos enfants n'ont pas fini l'année scolaire, les magistrats qui manquent à manger… C'est inédit dans l’histoire du pays », s’indigne l’un d’entre eux.
Depuis plusieurs mois, ces magistrats vivent sans salaire, ni logement de fonction, ni frais de fonctionnement. Une précarité alarmante qui contraste avec le prestige supposé de la fonction judiciaire. Beaucoup dépendent de la solidarité familiale ou de petits emplois informels, malgré l’interdiction qui leur est faite d’exercer une autre activité rémunératrice.
« Le statut de magistrat qu'on nous a attribué nous contraint à ne plus exercer d'autres emplois. Les autorités doivent se poser la question de savoir comment font les pères et mères de famille que nous sommes pour vivre. Avons-nous été recrutés pour être humiliés ? », poursuit un autre.
La situation suscite une vague d’indignation dans l’opinion. Des voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme un désintérêt du gouvernement envers un corps censé incarner la justice, l'équité et la rigueur morale.
Dans un pays où l'indépendance de la justice est constamment appelée de tous les vœux, la non-prise en charge de ces magistrats jette une ombre sur les réformes annoncées dans le secteur. En attendant une réaction concrète des autorités, ces hommes et femmes de droit restent livrés à eux-mêmes.
La Rédaction